Battignies n’est à l’heure actuelle qu’un quartier de Binche assez peu étendu. En parler, à l’heure actuelle, c’est évoquer une place ou une chapelle, guère plus ; à l’occasion on rappelle que ce fut une commune annexée à Binche en 1881, il y a à peine plus de cent trente ans.
Une intense activité commerciale et industrielle s’est développée dans ce bourg qui n’était au XVIIIe siècle qu’une localité agricole et qui alors ne fit parler d’elle que par la franchise des taxes sur les bières, ce qui créa de nombreux conflits entre Binche et ce village existant au-delà des remparts de la vieille cité.
A. COMMERCE
Il y avait 34 estaminets et auberges dans le village en avril 1849[1]
Un marché aux légumes se tenait le mercredi et le samedi de chaque semaine, ils furent établis suite à l’autorisation du conseil communal du 5 juin 1851[2]
L’Almanach du commerce et de l’industrie de Battignies nous renseigne sur le commerce du village en 1870.
Le village de Battignies était composé de 832 habitants, en voici les principaux commerçants et artisans :
Bourgmestre : | Chaudron Nicolas-Victor, cultivateur |
Secrétaire : | Legrand A. |
Fabricants de boulons : | Pèchenart (père) et (Frères) |
Bourrelier : | Motte L. |
Boutiquiers : | Delhalle P., Delhaye A., Mauroy A. |
Briquetiers : | Garin E., Navez |
Cabaretiers et Aubergistes : | Declève A., Latteur Ursmer, Lebrun-Coppin, Lefèbvre D., Leroy F., Motquin Florent, Thibaut L., Vloebergh L. |
Charpentier : | Montreuille J. |
Châtreurs : | Motquin F., Rougez André |
Chaufourniers : | Delval H., Outelet Adrien et Auguste |
Md. de chiffons : | Limbourg E. |
Cordiers : | Paul J., Quinet Pierre |
Instituteur : | Pourbaix A. |
Md. de farines : | Leghait Narcisse |
Fondeurs (Cu) et (Fe) : | Lion Dédale et sœurs, Paris Rodolphe |
Fermiers : | Chaudron Nicolas-Victor, Ursmer, et Victor, Dehavay Victor et Joseph (Frères), Gallez A., Hecq H. et A., Laurent frères, Latteur Erme, Minat F., Renotte Dieudonné, Rougez André, Segard Henri |
Md. houblon-grains | Boursin Nicolas-Eugène |
Maçons : | Houssière Ferdinand et Ursmer |
Maréchaux : | Adam Charles, Mauroy J. et Benoit |
Mécaniciens : | Lion Adolphe, Paris Rodolphe |
Menuisier : | Montreuille Pierre-Joseph |
Ecole de musique : | Delhaye A. |
Pépiniéristes : | Buisseret L., Carlier L., Ghislain J., Navez A. |
Fbt. Pianos : | Hainaut Norbert |
Pierres à paver (carrière) : | Coquiart Pierre-Joseph |
Propriétaires : | Ghisbain L., Leroy-Malengret, Vve pierre-François Mabille, Vve Malengret, Vve Ursmer Massart, Vve Hubert Wanderpepen |
Serrurier : | Delhalle François-Melchior |
Tailleur : | Delhaye André |
Vétérinaire : | Mauroy César |
Mds. de vins : | Dehavay Victor et Joseph (frère) |
B. ACTIVITE BANCAIRE
B.1. DUGNOLLE ET HAUCHAMPS (BANQUE)
Adrien Dugnolle et Fernand Hauchamps créèrent en 1877 une banque à Mons, ils transfèrent le siège de la banque à Battignies dans les établissements de la « société belge des grains maltés » de Fernand Hauchamps.
Une association est citée le 3-3-1877 entre Fernand Hauchamps, banquier à Binche et Emérante Milcamp veuve Dugnolle, banquier à Mons[3] .
B.2. HAUCHAMPS-RUWET ET CIE.
Le 28-8-1888, Fernand Hauchamps, industriel et conseiller provincial domicilié à Binche, Arthur Ruwet, capitaine pensionné demeurant à Mons, Joséphine Bruère épouse de Arthur Ruwet et Léon Bruère capitaine-commandant d’artillerie à Bruxelles constituent une société en nom collectif sous la dénomination de « Hauchamps-Ruwet et Compagnie » et ayant pour objet toutes les opérations de banque.
Mrs Hauchamps et Ruwet sont commanditaires à l’égard de Mr Léon Bruère et de Mme Ruwet. Le capital social est de 290.500 Fr.
Apports Bénéfices
F. Hauchamps 123.833,34 Fr 3/7
A. Ruwet 25.000 1/7
L. Bruère 83.333,33 2/7
Mme Ruwet 58.333,33 1/7
La société est gérée par les deux commanditaires. Le siège est fixé à Battignies et une succursale est ouverte à Mons. La durée de la société est fixée à 10 ans commençant le 1-3-1888[4].
C. INDUSTRIES
C.1. Carrières
Le village est essentiellement de type rural, néanmoins la nature du sol étant fort crayeuse et sablonneuse à certains endroits on exploita très tôt des fours à chaux.
Ceux-ci se situaient principalement à proximité de la rue de Péronnes (rue de la Princesse) et de la Chaussée Brunehault, et de l’ancien chemin du Roeulx (rue du Cœur Dollent)
Les Binchois appellent ces endroits « les « Caufours » ou encore «Au chaux crotté». On extrayait la chaux de façon intensive à partir du XIXe siècle.
Philippe Vandermaelen cite deux fours à chaux vers 1830.
L’Almanach du Commerce et de l’Industrie de 1861 à 1870, cite les chaufourniers A(drien). Delval ; Outlet Ad(rien). et Aug(uste). Celui de 1873 ne cite plus André Delval[5].
Le recensement industriel de 1880 renseigne une exploitation qui outre l’exploitant, emploie trois apprentis.
Il s’y extrait 2.400 m³ pour un chiffre d’affaire de 9.600 Fr.[6]
C.1.1. BLAIRON
Le four à chaux d’Alexandre Blairon était situé rue de Péronnes. Il l’exploitait vers 1842.
Le 3 octobre 1851, Marie-Joseph Voituron, veuve d’Alexandre Blairon, loue par bail de 9 ans, passé devant le notaire Fontaine, à André Delval et Joseph Docquier, un terrain de 42a 74ca , sis à Battignies sur lequel se trouve construit un four à chaux, tenant à la veuve Degueldre, à la venderesse, au chemin (chaussée Brunehault) et à Adrien Outelet, au fermage de 150 Fr., l’an[7].
C.1.2. BUSQUIN
Gustave Outelet, employé à Charleroi, baille pour 3/6/9 ans à partir du 1er août 1897, à Georges Busquin, demeurant rue de Mons à Binche « deux fours à chaux sis à Battignies, avec le terrain tenant à Paris-Debeck, de Sebille, le comte Dillon et Debagenieux, comprenant ensemble 70 ares. Ce bail est conclu moyennant le prix de 25 cts le m³ de chaux extrait[8].
C.1.3. CAUDRON
Le four à chaux de Léopold Caudron est cité le 11 février 1875[9].
C.1.4. DELVAL-DOCQUIER
André Delval, cabaretier à Binche et Joseph Docquier, clerc de notaire, exploitaient un four à chaux situé Chaussée Brunehault. Ils l’achetèrent à la veuve Blairon.
Ils démolirent ce four à chaux et en reconstruisirent un autre en 1857[10].
Leur exploitation est reprise au plan Popp sous les cotes A.114a, terre ; A.114c, four à chaux.
C.1.5. OUTELET
Au XIXe siècle, ce fut principalement la famille Outelet qui travailla en chaufournage.
Elle possédait les fours à chaux de la rue de Péronnes ainsi que celui se situant près de la rue du Moulin Blanc[11].
Jean-Baptiste Outelet est le premier marchand chaufournier de la lignée que l’on rencontre à Battignies. Il quatre enfants de son épouse Marie-Joseph Lecat[12]. Il possédait également un atelier de tailleur de pierre à Binche cadastré B.669h, de 80 ca.
Adrien Outelet[13], est cité chaufournier en 1845. Sur le plan Popp, vers 1860, sa veuve et ses enfants, Augustin, Adolphe et François et Henriette, possédaient par indivis le four à chaux cadastré A.119bis et les terres environnantes.
Augustin Outelet [14] cultivateur et fabricant de chaux, demeurant à la ferme du Cœur Dollent, possédait un four à chaux cadastré A.151b, faisant 2a 30ca (Plan Popp)
Thomas et Adolphe Outelet, fabricants de chaux à Battignies, héritiers d’Adrien Outelet leur père, et François Lefrancq, marbrier à Binche créent (verbalement) une société dont l’objet est la vente de chaux, de pierres et de marbres. Par acte passé devant le notaire Fontaine, le 4 janvier 1871, ils dissolvent cette société[15].
Le 7 décembre 1873, Thérèse-Maximilienne Brichot[16], veuve Adolphe Outelet, est citée marchande de chaux à Battignies[17].
Le 8-12-1874, eut lieu une location publique à la requête de Gustave, Julia et Adolphe-François Outelet, enfants mineurs d’Adolphe-Virgile Outelet et Thérèse Brichot, décédés, d’une maison récemment reconstruite, avec grange, écuries, étables, jardin, four à chaux et dépendances, faisant 1ha 7a 44ca, tenant à Paris, lieu-dit Champ de la Justice, formant la moitié d’une pièce cadastrée A.155a.
Elle fut adjugée au fermage de 3000 Fr. à Auguste Chevalier-Deneufbourg, négociant, et Gustave Labrique, menuisiers, tous deux de Binche[18].
Le 11 février 1875, à la requête des mêmes, on vend une terre avec four à chaux, sise à Battignies, cadastrée A.129, tenant à la ruelle du Moulin Blanc, et au four à chaux Léopold Caudron. Le bien est acquis le 14 avril 1869, pour 6000 Fr. par Alexandre Outelet et Rose-Caroline Brichot, son épouse, négociants en chaux à Binche..
Ils vendirent en outre une autre terre, qui elle, fut acquise par François-Augustin Outelet et Joséphine Plétinckx, son épouse, négociants en chaux à Battignies[19].
En 1877, on trouve une association entre François Outelet-Plétinckx et Adolphe Outelet, fabricant de chaux à Harmignies[20].
Vers 1880, la seule entreprise travaillant encore la chaux appartient à la famille Outelet, soit qu’elle y travaille elle-même ou la passe en location.
Le recensement de cette année cite 1 chaufour, deux exploitants et trois ouvriers, produisant 2.400 m³ de chaux pour un chiffre d’affaire de 9.600 Fr.
C.2. BRASSERIE
Vers 1870, des houblonnières alimentaient les brasseries, il y en avait une située au Pavé de Battignies appartenant à Adrien Maine, scieur de long.
Henri et Maximilien Latteur en possédaient deux à proximité du chemin de Fontaine
La veuve Louis Riche en avait une près du Moulin Blanc et les de Sebille qui étaient les plus gros propriétaires terriens du village (une cinquantaine de terres leur appartenaient) exploitaient quelques houblonnières (cadastrées 39a, 139, 230a, 233)
C.2.1. BRUERE ET CIE.
En 1845, Edouard Bruère demande de pouvoir établir une machine à vapeur destinée à mouvoir son moulin à farine. La chaudière fut mise en service par le sous-ingénieur J. Gilson le 8 novembre 1845. Elle avait été construite par la S.A. de Monceau ; elle faisait 20 C.V. La machine destinée à mouvoir les meules avait été construite par la société « Dorzée frères et Cie. » à Boussu.
Le 20 juillet 1850, E. Bruère, négociant de Binche faisait la demande d’exploitation d’une brasserie[21]. Cette dernière sera établie au coin de la rue de Merbes et de l’avenue Wanderpepen. L’usine devint en 1860 un moulin à vapeur et brasserie, société en commandite simple. L’usine s’agrandit aussi par la construction d’écuries.
C.3. Meunerie
C.3.1. MOULINS A VENT
Il existait sur le territoire de Battignies deux moulins à vent
C.3.1.1. LE MOULIN BLANC
Ce moulin appartenait à Ursmer Massard[22] Il est cité meunier et propriétaire le 24-9-1823[23]. Vers 1830, le plan et mutations du cadastre signale ce moulin à vent à farine, cadastré A. 140, il était établi au village de Battignies (actuelle rue du Moulin Blanc).
Le 12-3-1840, eut lieu la prisée et estimation des harnais travaillant composant le moulin appartenant à Ursmer Massard père, occupé par Désiré Legrand, marchand, Philippe Leroy, cabaretier à Battignies et Nicolas Leroy, cultivateur à Péronnes, selon le bail du notaire Lecocq établi le 25 février 1834. Cette prisée est estimée à 2.572 Fr.[24]
Il appartint par succession à son fils, Ursmer Massard[25], rentier et bourgmestre de Battignies.
En 1850, c’est Norbert Demesmaecker qui est meunier.
En 1854, au décès d’Ursmer, il passe par succession à sa veuve, Stéphanie Lecocq et à ses enfants. En 1860 ceux-ci font de grandes transformations dans leurs propriétés et le moulin change de destination, il n’est plus employé que comme bâtiment rural.
Vers 1860, il est repris au plan et matrice cadastrale Popp :
L’ancien moulin cadastré A.140a appartient à Stéphanie Lecocq, veuve Massard, il est repris comme bâtiment rural.
C.3.1.2. LE VIEUX MOULIN A VENT
Le « vieux moulin à vent » existait déjà au XVIe siècle, de nombreuses fois rebâti, il traversa les siècles. Il était établi sur la chaussée menant de Binche à Morlanwelz.
Ursmer Gaudier est cité meunier en 1800, il a alors 34 ans. Il est encore cité dans la liste des fabriques et usines, on dit ignorer l’autorité qui en a autorisé l’établissement car le moulin est très ancien
Sur le plan du cadastre effectué vers 1830 le moulin est représenté Champ du Moulin, section A parcelle 64, entouré de la prairie cadastrée 63, à gauche de la chaussée de Binche à Morlanwelz.
Le 17-7-1844, le meunier Emile Gaudier, conseiller communal de Battignies, effectue une réclamation car on lui réclame un droit de chausséage, il fait connaître que son moulin est exploité depuis plus de 40 ans par sa famille sans qu’on ait exigé le droit de chausséage sur la route vicinale de Battignies à Binche[26].
Le moulin appartient ensuite à Ursmer Gaudier et par la suite à sa veuve, meunière à Saint-Vaast. En 1851, par succession et indivision, il appartient ensuite à Victorien Gravis, cultivateur à Péronnes et à Adélaïde Gaudier, meunière à Saint-Vaast et à sa sœur Marie-Thérèse.
En 1854, la démolition du moulin est effectuée et sa base est réunie sous la terre cadastrée A. 63a. Il n’existe plus sur le plan et matrice de C.-P. Popp.
C.3.2. MOULINS A VAPEUR
Avec l’avènement du machinisme plusieurs moulins à vapeur s’établirent dans la commune.
C.3.2.1. MOULIN A VAPEUR LENGRAND
Le plus ancien moulin à vapeur est situé à l’entrée de la rue de Péronnes et était exploité par la famille Lengrand.
Le 18 mai 1829, Augustin Lengrand [27], tanneur de Binche, demande d’établir un moulin à farine et à écorces mû par la vapeur.
Le 13 avril 1844, il reçoit l’autorisation de faire usage d’une pression de 4,5 atmosphères pour la machine de sa meunerie.
Son fils Eusèbe[28] lui succède. Un rapport du collège échevinal de Battignies renseigne que le moulin n’est en activité qu’une partie de l’année.
Eusèbe Lengrand revendra une partie de son usine à sa mère
Le plan Popp, vers 1862 renseigne que l’usine lui appartient toujours, elle est cotée A.121b, moulin à farine à vapeur
C.3.2.2. MOULIN A VAPEUR BRUERE-MILLECAMPS
Le 20-2-1859 Isidore Edouard Bruère-Millecamps demande l’établissement d’une prise d’eau dans la rivière la Samme sur le territoire de Binche pour alimenter son usine à Battignies qui consiste en moulins à vapeur et brasserie, laquelle se trouve à 190 m. de la rivière. Lors de l’enquête commodo-incommodo, douze habitants de Battignies s’opposèrent à cette prise d’eau « … vu que la rivière pendant des années de sécheresse et hivers rigoureux se trouve dépourvue d’eau à tel point que les moulins sont restés plusieurs mois sans pouvoir moudre ».
Pour pouvoir donner de l’essor à son moulin et brasserie, cet industriel s’associa à d’autres personnes et l’on créa une société par commandite:
C.3.2.3. SOCIETE DES MOULINS ET BRASSERIES DE BINCHE
Le 30 juin 1861, devant le notaire Boulenger, de Mons :
1°- Edouard Bruère-Millecamps, industriel à Binche,
2°- 1. Joseph Francken fils, négociant à Liège,
- Adolphe Foucart-Cattier, négociant à Chièvres,
- Joseph Verbbeck, négociant à Anvers,
Ces trois messieurs stipulèrent qu’ils agissaient tant pour eux que pour et se portant forts de :
- Laurent Huys, négociant à Soignies,
- Van Bienne, négociant à Soignies,
- Léopold Bastin-Henricot, négociant à Namur,
- Crépy, négociant à Ligne,
- Louis Deportemont, négociant à Sarlardinghen,
- François Vanroyen, négociant à Anvers,
- Pierre Van Reeth, négociant à Anvers,
- Devos, négociant à Ath,
- Joseph Carton, négociant à Ath,
- Clery et fils aîné, négociant à Paris,
- Detournay et sœurs, négociants à Ecaussinnes,
- Joseph Hautier, négociant à Leuze,
- Jean-Baptiste Stevens, négociant à Leuze,
- Gilles Peters, négociant à Saint-Trond,
- Alexis Planchon, négociant à Anserœul,
- Carlier et Lion, négociants à Anvers,
- Mairaux frères, négociants à La Louvière.
3°- Agnès Beaufayt, veuve Jean-Joseph Bruère, négociante à Marchienne-au-Pont tant pour pour elle et se portant fort pour Benjarnin Meunier, son gendre, négociant à Thieux, près de Damartin (France).
Forment une société en commandite simple dont le gérant, est Edouard Bruère, seul associé responsable. Elle a son siège à Battignies, et prend la dénomination de « société des Moulins à vapeur et brasseries de Binche », la raison sociale et la signature sont « Bruère et compagnie ». La durée est fixée à 25 ans.
La société a pour objet l’exploitation du moulin à vapeur et de la brasserie de M. Bruère-Millecamps, son capital est de 1.000.000 Fr.
Les apports sont:
Bruère-Milcamps fait apport outre ses connaissances spéciales, de sa clientèle, de son industrie et des biens suivants :
– un bâtiment renfermant un moulin à vapeur de huit paires de meules mues par deux machines à vapeur et tout ce matériel à l’usage de l’exploitation.
– un bâtiment renfermant une brasserie avec tous ses ustensiles, une maison d’habitation, écuries, magasins, formant 35 a.45 ca. Etc.
– Un terrain de 13 a. sis à Buvrinnes, près de la Station.
– Un terrain de 30 a. sis à Buvrinnes, près de la Station et comprenant une maison d’habitation occupée par Antoine Pruniaux.
– 25 actions du charbonnage de Saint-Vaast.
Les autres contractants apportent à la société pour la constitution du capital roulant, soit des espèces, des marchandises et matières premières consistant en grains, houblon, etc. Le tout évalué à 200.000 Fr.
Edouard Bruère recevra 1450 actions libérées, outre le logement, le chauffage, l’éclairage et d’un traitement de 5.000 Fr..
Une commission de surveillance fut établie, elle comportait: Joseph Francken fils, Désiré Lion, Joseph Verbbeck et Adolphe Foucart-Cattier
A Edouard Bruère, succéda Jules Fassieau, mais il ne fut pas gérant très longtemps car le 30 septembre 1868, eut lieu la vente publique de la meunerie, de la brasserie et des biens de la société :
« A la requête de Jules Fassieau, en sa qualité de gérant de la « Société des moulins à vapeur et brasseries de Binche » sous la raison sociale « Fassieau et Compagnie » autrefois dirigée par M. Edouard Bruère, demeurant à Mons et en présence de Désiré Lion et François Herbecke, tous deux négociants à Anvers, en qualité de liquidateurs de la société « Fassieau et Cie »; Henri Bockstael, avocat à Mons, en qualité de préposé à l’exécution du concordat octroyé audit Fassieau par la dite société par acte passé au greffe du tribunal de Charleroi le 8-6-1868.
Le tout fut vendu pour le prix de 70.000 Fr. à Joseph Verbbeck, négociant à Anvers, pour lui et commande au nom de François Verbbeck, également négociant à Anvers.
C.3.2.4. MOULIN A VAPEUR GOFFAUX-HALBRECQ
Le 20-3-1838 Maximilien Goffaux, cafetier et François Wabrecq (Halbrecq), meunier du moulin Saint-Paul, achètent un terrain sis à Battignies tenant à la rue des Pastures, à la maison Blairon, à la Blanchisserie appartenant au vendeur, Fidèle Pourbaix, propriétaire et brasseur à Binche (Beau-père de M. Goffaux).
Le 11 novembre 1838, ils s’associent sous la raison sociale « Goffaux et Walbrecq » dans l’exploitation d’un moulin à vapeur pour moudre le blé et les écorces et qu’ils ont fait bâtir sur le terrain acheté précédemment.
L’association avait pour buts le moulage et le commerce des farines et d’écorces à tanner, les opérations consistant en achat de grains de toutes espèces, en vente de farines et d’écorces moulues.
La durée de leur association fut fixée à 20 ans. Le siège de la société fut fixé au moulin, les associés feront bâtir leur logement au compte de la société. Le moulin leur appartient par moitié, cependant ils firent des apports inégaux: M. Goffaux, 11..959 Fr. et F. Walbrecq, 5.247 Fr. Les associés se réservent un intérêt de 5% de leur mise. M. Goffaux est chargé des achats et des ventes. F. Walbrecq s’occupe de la marche et de la surveillance de la mécanique de l’établissement.
Le 18-12-1865, Alfred Goffaux, employé aux établissements de Sainte-Marie d’Oignies et Melle. Adolphine Goffaux de Binche donnent une quittance de 6000 Fr. pour solde du prix d’un bâtiment en quatre demeures construit autrefois pour en faire un moulin à vapeur sur 5 a. de terrain sis à Battignies, que M. François Dutilleux, négociant à Binche, a acheté. Ce qui signifie que l’association de l’exploitation du moulin précité n’a pas été reconduite.
Ce bâtiment fut reconverti en quatre demeures.
C.4. TANNERIE
C.4.1. TANNERIE GAIILLEZ
La tannerie Charles Gaillez était située à Battignies, Pavé de Charleroi à la limite de Binche.
Le 3 novembre 1812, le sous-préfet de Charleroi Stanislas Troye autorisait « le Sr Charles Gaillez à établir un atelier de tanneur dans la maison qu’il lui est permis de construire le long de la route de Rouen à Namur, près la ville de Binche ».
Le 21-11-1850, le tanneur Charles Gaillez demande l’autorisation de maintenir un barrage sur la rivière Princesse, à la limite des communes de Binche et de Battignies…Il est autorisé sous quelques conditions par la députation permanente du Hainaut, malgré l’opposition d’Alexandre Coppin, propriétaire d’une prairie située à plus de 500 m. en amont du pont Marie-Jenne.
Le dessus du barrage ne sera qu’à 0,7 m. au dessus du radier amont de l’aqueduc desservant sa tannerie, radier lui même fixé à 1,86 m. en contrebas de la clef de voûte du pont dit Marie-Jenne[29].
Le 7-10-1862, vente par Edouard Bruère négociant à Binche au profit de Fernand Hauchamps son beau-fils négociant à Binche et son épouse Louise-Marie-Agnès Bruère, d’une tannerie appendances et dépendances close de murs, contenant 8 a 8 ca, section B. parcelle 173 et 174 du cadastre, sis Faubourg de la Sablonnière, tenant à Caroline Ramboux et à la ruelle et par derrière aux représentants François Dejardin.
Cet immeuble a été acquis par recours public le 15-11-1858, de Louison et Marie-Charlotte Gaillez à titre de succession de leur oncle Charles Gaillez, décédé à Binche le 14-8-1841.
C.5. USINES A GAZ
C.5.1. WILMART
François Hyppolite Wilmart de Binche formulait une demande à la ville de Binche le 20-9-1836, afin de lui accorder la concession de l’éclairage au gaz hydrogène des habitants de la ville. La réponse fut favorable, mais l’usine devrait se situer hors des murs de la ville. L’usine s’installa donc à Battignies, sur une terre lui appartenant, mesurant 1ha 56 a 80 ca, tenant au chemin de Péronnes, au chemin de dessous la ville et aux sieurs Thibaut et Ottelet[30]. L’autorisation fut obtenue le 16-5-1837.
Cette usine à gaz à hydrogène ne fut pas satisfaisante, elle fut abandonnée.
C.5.2. HIROUX
Le 15 avril 1842 la ville autorisa la demande de Charles Félix Hiroux, propriétaire à Mons, afin d’établir dans les bâtiments du moulin à vapeur du Sr Fidèle Pourbaix, sis à Battignies, les appareils pour la production de gaz hydrogène carboné nécessaire à l’éclairage de la ville de Binche. L’enquête commodo-incommodo eut lieu le 14-3-1842. Il fut autorisé d’établir son usine par le conseil communal de Battignies le 15-4-1842. L’autorisation stipule qu’il ne pourra être jeté aucun résidu ou eaux provenant de la fabrication ou épuration du gaz, sur la voie publique[31].
C.5.3. LENGRAND
Parallèlement à son activité dans l’industrie meunière, Augustin Lengrand dirigeait une usine de production de gaz qui jouxtait son moulin, rue de Péronnes. Il est probablement le successeur de François Wilmart.
A son décès, sa veuve Julie Willot, continue l’activité. Elle passe une convention avec la Ville de Binche pour l’éclairage au gaz, mais certains manquements au contrat obligent la Ville à lui intenter un procès.
En 1857 un gazomètre est construit en même temps que les bâtiments à usage d’usine à gaz (plan cadastral Popp de Battignies: parcelles 122i, 122g, [32].
Le 11-4-1861, Eusèbe Augustin Lengrand est cité directeur, concessionnaire de l’éclairage au gaz de la ville de Binche[33].
Le 9-8-1862, Julie Willot vendra l’usine qui lui appartenait en indivis avec son fils Eusèbe Lengrand, à François Coyette et Charles Demoulin.
C.5.4. DESMOULIN ET COYETTE
Le 27-6-1862 devant le notaire Auguste Fontaine, Charles Desmoulin, constructeur de gazomètre à Valenciennes et François Coyette, négociant, créent entre eux une société dont le but est de fabriquer du gaz. Le 2-8-1862, ils passent une convention avec la Ville de Binche afin de fournir l’éclairage public pour le terme de 30 ans, ainsi qu’aux maisons et établissements de la ville.
Le 9-8-1862 devant le notaire Williams, ils achètent l’usine appartenant à Eusèbe Lengrand et à sa mère Julie Willot pour le prix de 100.000 Fr.
C.5.5. DESMOULIN
Suite au décès de François Coyette, Charles Demoulin entreprit des démarches auprès de l’administration communale de Binche tendant à lui remettre son établissement. Le conseil communal décida qu’une commission sera nommée afin d’étudier les modalités de reprise, les bâtiments et le matériel. Cette commission fut composée du bourgmestre Wanderpepen, président; de l’échevin Derbaix et des conseillers Laurent et Fontaine. La commission décida la reprise le 4-3-1869 pour le prix de 100.000 Fr.[34].
En attendant que toutes les démarches aboutissent Charles Desmoulin racheta le 6-12-1870 la moitié indivise de l’usine à Albertine-Rosalie Tricot, veuve de François Coyette et à son fils Albert, propriétaires à Cambrai, au prix de 40.000 Fr. par exécution d’un jugement du tribunal de Charleroi du 14-7-1870. L’établissement comprend:
- a) Une usine à gaz comprenant maison d’habitation et autres dépendances faisant 25 a. 83 ca. sis à Battignies, champ de Justice, section A. 122g, h, k, tenant au chemin de Péronnes, à la veuve Louis Tiberghien et aux héritiers Outelet-Paris.
- b) Un gazomètre ou cloche en tôle avec sa suspension, 4 épurateurs avec grilles, 1 tambour, 2 laveurs, des barillets, trompettes et tuyaux monteurs, chapeaux et cornes, châssis de fourneaux, 8 cornues réfractaires et tuyaux de distribution.
C.5.6. LA VILLE DE BINCHE
Le 1er mars 1871, Charles Desmoulin revend l’usine pour 100.000 Fr. à la Ville de Binche, celle-ci est représentée par le bourgmestre Gustave Wanderpepen et les échevins Adrien Leclercq et Philippe Derbaix :
Une usine à gaz comprenant maison d’habitation et autres dépendances, gazomètre ou cloche en tôle, avec sa suspension.
En 1876 la ville décide la construction d’une nouvelle cloche, le projet prévoit pour ses dimensions: 7 m. de hauteur et 14 m. de diamètre pour une contenance de 1070 m3. Lors des travaux de terrassement, le terrain s’avérant trop spongieux, on dut modifier les travaux et la cloche définitive mesura alors 6 m. de hauteur et 15 m. de diamètre pour une même contenance.
Le nouveau gazomètre fut inauguré le 31 janvier 1877 (article signé V.C. dans le journal ‘le progrès de Charleroi » du 1-2-1877). Un banquet fut donné à cette occasion. Il faut noter que la nouvelle cloche n’était pas terminée pour autant car M. Weiler, entrepreneur de la nouvelle cloche termina son travail avec 70 jours de retard, il encourut de ce fait une amende de 700 Fr.[35] Ce fut la société anonyme des chaudronneries de Houdeng-Goegnies qui obtint la construction du gazomètre.
Par les recensements industriels on peut se rendre compte de l’évolution de l’usine:
Le recensement de 1880 signale une usine à gaz, 2 exploitants, 2 ouvriers, deux employés produisant 120.000 m3 de gaz pour une valeur de 18.000 Fr.
Au fond de cette vue, on voit les falaises des carrières de chaux, à droite la cloche du gazomètre de la Ville de Binche, le long de la rivière la Samme dite « Princesse »
C.6. INDUSTRIES METALLURGIQUES
C.6.1. MARECHAUX-FERRANT
La carte cadastrale Popp renseigne deux maréchaux-ferrant : Isidore Maury, chemin de Namur (actuelle rue de Bruxelles) cote A.180c, et Charles Adant, place de Battignies, cote 178b..
C.6.2. FONDERIE LION/HECQ
A proximité de la place de Battignies, Adolphe Lion ouvrit, suite à l’autorisation du 13 novembre 1847, un atelier de fonderie muni d’une machine à vapeur ; en 1854, il agrandit son atelier[36].
Le plan cadastral Popp montre l’atelier vers 1870. Il appartient alors à Victorien Hecq (cote 152n) sous l’intitulé fonderie de fer et atelier de forgeron à vapeur. Cet atelier finit ses activités vers cette date car le rapport du conseil communal ne le mentionne plus.
C.6.3. FONDERIE PARIS
Rodolphe Paris[37], ingénieur civil sorti des écoles de Liège en 1846, créa une fonderie de fer et un atelier de forgeron à vapeur, rue de Péronnes (Cadastré A.119k), avec magasins et bureaux (cadastrés A.119g)
Il perfectionna ses produits par de nombreux brevets :
Brevet du 20 mars 1857 pour un procédé de pudlage de la fonte
Brevet du 16 novembre 1858 pour une forme de poutrelle de fer à double croix.
Brevet du 16 novembre 1858 pour une forme de poutrelle en fer à double équerre.
Lors de l’exposition du cinquantenaire de l’indépendance de la Belgique, Rodolphe Paris exposait le modèle réduit des longerons de tôle qui supportent le dôme du palais de justice de Bruxelles.
Ses ateliers fabriquèrent le kiosque du parc communal de Binche en 1861.
Les plans de mutations cadastrales montrent les agrandissements successifs des années 1848 à 1857, il employait de nombreux ouvriers
C.7. RAFFINERIE DE SEL
C.7.1. DEGUELDRE
En mars 1851, Germain Degueldre, propriétaire à Waudrez établit une raffinerie de sel dans les bâtiments de la cour d’une maison lui appartenant et occupée par la veuve Coppin.
Ce bâtiment se situait à l’angle de la rue de la Pépinière et de la place de Battignies[38].
C.8. FABRIQUE DE PIANOS
C.8.1. HAINAUT
La fabrique de pianos Norbert Hainaut[39] fut créée en 1840.
En 1848, il achète au brasseur Edouard Bruère un terrain où il fit ériger une magnifique demeure servant également à la fabrication de pianos. Elle est établie à Battignies chaussée de Charleroi, formant le coin de la rue de Merbes qui allait alors de s’ouvrir, sur les parcelles B.23g et B.23h. du cadastre [40]
Le 22 septembre 1851, il dépose un brevet pour la fabrication d’un piano double[41].
Le 22 février 1859, il dépose un nouveau brevet, c’est un engin servant à copier la partition, l’improvisation, le travail de composition, le morceau de musique à deux ou quatre mains au moyen d’un appareil graphique simple – un phonographe – solide et durable que l’on adapterait et attacherait, mais de manière à l’enlever à volonté, à un instrument quelconque à clavier (piano, orgue, harmonium, etc.).
Cet appareil reproduirait sur une bande de papier d’une longueur indéfinie, mais d’une largeur n’excédant pas 13 cm, pour répondre à un clavier de 7 octaves, tout morceau de musique.
Norbert Hainaut a résolu ce problème en créant une méthode de notation musicale appliquée à un appareil graphique au moyen duquel tout clavier peut devenir phonographe et rendre ce qu’on y joue par des tirets horizontaux comportant leur valeur et accusant les silences tirets s’écrivant sur et entre des lignes produites à espace moindre pour les tierces mineures, espace plus grand pour les tierces majeures. Méthode visuelle et rationnelle à la fois, évitant l’emploi de queues, crochets, traits, pauses et demi-pauses. Cette méthode sténographique écrit sur un espace plus restreint que les procédés alors en alors en usage. Ce brevet est accordé le 25-2-1859[42]
Norbert Hainaut eut six enfants, trois filles et trois garçons. Ces derniers travailleront dans l’usine familiale et succéderont à leur père sous la raison sociale « Hainaut Frères » :
* Ursmar Hainaut [43]
En 1878, il participe à l’exposition universelle de Paris où il présente deux pianos-buffets, l’un à cordes demi-obliques, l’autre à cordes obliques dont « l’égalité du son et du toucher » lui vaut la mention honorable.
Ursmar Hainaut quittera Binche en 1889, il s’établit à Morlanwelz au 115 Grand-rue, sa veuve continua l’activité jusque 1932
* Norbert-Auguste Hainaut[44].
Avec son frère Ermin, il présente un brevet le 5 septembre 1890 concernant 12 perfectionnements aux pianos :
- Touches maintenues par des arcs-boutants dont un bout est articulé et l’autre bout fixé aux touches.
- Extrémités des touches reposant sur le fond par l’intermédiaire de vis dont le réglage détermine la hauteur du clavier.
- Dièses ou touches noires creusées au-dessus.
- Claviers où l’angle droit rentrant, existant entre les queues et les palettes des touches blanches, est remplacé par une courbe ou par un angle obtus.
- Emploi du caoutchouc ou autre matière semblable comme ressort et comme arrêt des touches et autres pièces du mécanisme et aussi pour adoucir et étouffer les vibrations des cordes.
- Noix des marteaux munies d’un embranchement dont l’extrémité peut s’articuler au-delà des notes voisines
- Production de l’échappé par la flexion brusque de deux pièces articulées (k) servant d’intermédiaire entre la touche et la noix
- Lames métalliques employées comme ressort, articulation et comme guide des prolonges, dans la mécanique et aussi comme guide des tiges des pédales.
- Emploi au chevalet (comme points d’appui des cordes de fils métalliques s’appuyant sur le chevalet, ou sur une surface quelconque, par la tension des cordes
- Modification (continue ou momentanée) du son, par le moyen d’une substance molle et élastique, s’appuyant sur la partie vibrante des cordes, à petite distance d’un de leurs points d’appui, et de manière à ne pas diminuer beaucoup le prolongement des vibrations.
- Emploi de cordes chargées d’une masse quelconque, en un ou plusieurs points de leur partie vibrante.
- Accord à l’octave, ou à la double octave, des cordes d’une même note[45].
* Ermin-Léon-Joseph Hainaut[46]
La maison « Hainaut Frères » participa à l’exposition nationale de Bruxelles en 1880 et remporta la médaille d’or de l’exposition universelle d’Anvers en 1885 pour la présentation de pianos à cordes croisées.
C.8. SYLVICULTURE
C.8.1. LA PEPINIERE
A l’endroit s’appelait autrefois le Paradis des chiens, existait déjà sous l’ancien Régime, la pépinière de Battignies, elle appartenait aux Récollets de Binche. Comme tous les biens religieux, elle fut saisie par l’administration républicaine et devint bien national, c’est ainsi qu’elle devint le siège de inspection de Bois et forêts du canton de Binche.
Le premier inspecteur connu est Alexandre Hocquart. Sous l’ancien Régime, il était bailli des bois domaniaux au quartier de Mons. Le 7 juin 1795, il fut nommé sous-inspecteur des bois et forêts du département de Jemappes[47].
Le 3 février 1796, les municipaux binchois ordonnèrent au citoyen Hocquart, sous-inspecteur des forêts nationales de « faire arracher le plus beau chêneau de la pépinière des Récollets » et de planter ce nouvel arbre de la Liberté avec ses racines sur la Grand-Place de Binche le jeudi 4 février[48]
Louis-Charles Prévost, arrivé dans le département de Jemappes à la suite des armées républicaines était devenu sous-inspecteur des Eaux et Forêts sous l’Empire, il avait son siège dans la pépinière de Battignies. Il méditait d’y ouvrir une filiale de la société nationale d’agriculture[49].
Les forêts départementales ayant beaucoup souffert des dévastations, pillages, réquisitions, etc. l’administration décida un reboisement systématique qui s’imposait. La Société d’encouragement pour l’agriculture et l’industrie du département de Jemappes y tint une séance solennelle le 14 février 1811, dans la pépinière de Battignies, sous la houlette de Louis Prévost.
« Après une messe à la chapelle Ste Anne, le cortège reprit sa marche vers la Pépinière …nous nous rendîmes au lieu préparé pour la plantation, objet de la fête ; ce terrain de 40 à 50 ares environ présente dans son enclos, qui fait face du côté sud à la grande route projetée de Paris à Aix-le Chapelle, par Mons, Binche et Charleroi ; un carré prolongé s’élevant en amphithéâtre, à l’extrémité duquel nous avons fait élever un large plateau garni de gradins et auquel on arrive par deux avenues de chacune 42 chênes, par nous plantés le jour d’hier ; sur ce plateau, un demi cercle se décrivait formé par 19 peupliers d’Italie…
Au son allègre d’une musique guerrière, scandée par des décharges de mousqueterie, un chêne vigoureux qu’on appela Napoléon fut planté à côté d’un élégant mélèze Laryx baptisé Marie-Louise. Symbole des chères espérances de la famille impériale, un chêneau qu’on appela aussi Napoléon fut placé entre les deux tuteurs. » [50].
La propriété passa plus tard dans le domaine privé.
Le 6-6-1845, le bourgmestre de Battignies, Massart[51], demande à la veuve Blairon (propriétaire de la pépinière) d’améliorer l’état du sentier qui traverse la propriété[52].
Cette pépinière devint la propriété d’Augustin Paris[53], garde général des eaux et forêts de l’arrondissement de Charleroi, le registre de population de 1846, le signale vivant avec son fils Rodolphe et sa famille.
A sa mort, le domaine fut vendu lors d’une séance tenue au café Lebrun-Coppin, place de Battignies, le 2 avril 1862.
Cette propriété comprenait outre l’habitation avec remise, hangar, four et puits, un jardin, terre et verger, guinguette, tir à l’arc, à l’arbalète, à la carabine, etc. Elle s’étendait sur près d’un ha se trouvant à l’emplacement de la place du Centenaire actuelle. C’est son fils Rodolphe et son neveu Rodolphe-Pierre, qui en furent acquéreurs
La matrice et plan Popp de Battignies renseigne :
Parcelle A.127a : terre, 2ha 17a 90 ca appartenant à Paris Rodolphe, ingénieur civil, de Battignies et Thibaut Edouard, de Lobbes.
Parcelles A.124 : Jardin, 8a 10 ca appartenant à Paris Rodolphe-Pierre[54]
A.125 : Maison, 11a « « «
A.126 : Terre, 38a « « «
Alain Graux
[1] A.V.B. 02-04-06-1
[2] A.V.B. 02-04-06-2
[3] A.É.M. Enregistrement. A.S.S.P. 80.
[4] A.É.M. Enregistrement. A.S.S.P. 44.
[5] TARLIER H. Almanach du Commerce et de l’Industrie, Bruxelles 1861, p.71 ; 1868, p.74, 1870, p.86 ; 1873, p.87.
[6] Recensement du Commerce et de l’Industrie, Bruxelles du 31-12-1910, Bruxelles 1910, vol 11, p.763
[7] A.É.M. Enregistrement, A .C.P. 105.
[8] A.É.M. Enregistrement A .S.S.P. 105.
[9] A.É.M. Enregistrement A .C.P. 173.
[10] A.V.B. 02-02-08-1, croquis d’arpentage, mutations cadastrales (1845-1858).
[11] Plan Popp de Battignies, parcelles 115a, 115b, 118a, 151b.
[12] Acte de partage du 8-3-1843, aimablement prêté par Mme Leduc, que je remercie vivement.
[13] Outelet Adrien, ° Haine-Saint-Pierre 20-12-1796, † Battignies 23-8-1855, x Battignies 29-11-1827, Paris Marie-Anne, ° Morlanwelz 3-9-1798, † Battignies 15-3-1870.
[14] Outelet Augustin-Jean-Baptiste, ° Battignies 17-10-1809, x Leval Trahegnies 30-3-1842, Dubois Lucie, ° Leval 19-11-1814
[15] A.É.M. Enregistrement. Binche A.C.P. 169
[16] Brichot Marie-Thérèse-Maximilienne, ° Binche 5-4-1838, † Battignies 21-10-1874, x Outelet Adolphe-Virgile, ° Battignies 15-11-1834
[17] A.É.M. Enregistrement. Binche A.C.P. 159
[18] A.É.M. Enregistrement. Binche A.C.P. 173
[19] A.É.M. Enregistrement. Binche A.C.P. 173
[20] A.É.M. Enregistrement. Binche A.C.P. 181
[21] A.V.B. 02-00-02-1. Autorisation accordée le 14-9-1850.
[22] Massard Ursmer-Joseph, ° Binche 14-1-1767, † Battignies 18-10-1840, x Battignies 8-10-1828, Thiriar Marie- Philippe-Joseph, ° Houdeng-Goegnies 28-8-1780, † Battignies 11-10-1828.
[23] A.V.B. 02-00-01-1. n°28.
[24] A.É.M. Enregistrement. A.C.P. 5/77.
[25] Massard Ursmer, ° Battignies 10-5-1815, y † 25-10-1853, meunier et propriétaire, X Binche 12-6-1838, Lecocq Stéphanie-Emérante, ° Binche 9-5-1807
[26] A.V.B. 02-00-02-2
[27] Lengrand Augustin-Albert ° Binche 8-9-1787 y †17-8-1832, x Willot Julie
[28] Lengrand Eusèbe-Augustin, ° Binche 12-3-1816
[29] A.V.B. 02-00-01-2
[30] A.V.B.02-00-01-2/3, registre des conseils communaux de Battignies (1832-1842)
[31] A.V.B.02-00-01-2/36.
[32] A.V.B. 02-02-08-1.
[33] A.V.B. 00-00-01-13.
[34] A.V.B.00-00-01-13 / 2499
[35] A.V.B. 11-00-01-18/3538
[36] A.V.B. 02-02-08-1, croquis d’arpentage, mutations cadastrales.
[37] Paris Rodolphe-Pierre, ° Beuilenzoorg (Java) 17-9-1821, x Battignies 6-4-1842, Paris Pauline-Augustine, ° Baudour 18-6-1811, † Battignies 24-12-1879
[38] Plan cadastral Popp parcelles A.157a, 157b, 157c.
[39] Hainaut Norbert, ° Buvrinnes 14-7-1818, † Battignies 28-7-1874, x Dassonville Adolphine, ° Buvrinnes 21-8-1819, † Binche 13-3-1893, couturière.
[40] Plan Popp de Battignies
[41] Brevet 5252
[42] Brevet 7172.
[43] Hainaut Ursmer-Louis-Norbert, alias Ursmar, ° Battignies 1-2-1854, † Morlanwelz 1920±, x Potié.
[44] Hainaut Norbert-Auguste-Joseph, ° Battignies 24-2-1859, † Binche 17-1-1924.
[45] Brevet 91.915
[46] Hainaut Ermin-Léon-Joseph, ° Battignies 31-3-1863, † Binche 17-12-1929.
[47] A.V.B. 2723.
[48] A.V.B. 00-00-01-41
[49] Darquennes R. Histoire économique du département de Jemappes, dans ACAM, t, LXV, 1962, p.214.
[50] HUBINON Histoire de Morlanwelz, p.56.
[51] Massart Ursmer, ° Battignies 9-5-1813, y † 25-10-1853, x Binche 12-6-1838, Lecocq Stéphanie-Emérante, ° Binche 9-5-1807.
[52] A.V.B. 02-00-02-2
[53] Paris Augustin-Nicolas, ° Morlanwelz 20-8-1779, † Battignies 29-12-1861, x Thirimont Marie-Anne, ° Morlanwelz 1778, † Battignies 7-3-1837.
[54] Paris Rodolphe-Pierre, ° Buytenzorg (Java) 17-9-1821x Battignies 6-4-1842, Paris Pauline-Augustine, ° Baudour 18-6-1811, † Battignies 24-12-1879